L'Homme spectateur, l'éboulement du Mont Granier:
Le Granier est une montagne située dans les Alpes françaises, en Savoie. Il domine la vallée du Grésivaudan et la Combe de Savoie de sa face Est, et la cluse de Chambéry de son effroyable et dramatique face Nord. Au nord-est, le Granier limite le massif de la Chartreuse.
C'est une montagne calcaire possédant une falaise de plus de 900 mètres de hauteur (la plus haute de France), cicatrice de son tragique éboulement.
Le Granier est karstique, c'est à dire qu'il possède un réseau de nombreuses grottes et de galeries creusées par l'eau, il a étè recensé 341 gouffres de 10 à 560 mètres de profondeur, correspondant à 66 kilomètres de galeries.
C'est un point de faiblesse de la montagne, qui, additionné aux pluies abondantes des années 1247-48, conduira à l'éboulement historique.
Schéma de la structure du Granier:
Légende:
Urg.: Falaise de calcaire urgonien
Haut.: Talus de calcaire marneux hauterivien
Cal. Val.: Falaise de calcaire valenginien
Mar. Val.: Talus de marne valenginienne
Découverte du Granier:
Durant notre année de 1ère, nous sommes allés dans le cadre du programme de sciences et vie de la terre, étudier la structure des roches.
Nous avons fait plusieurs escales en commençant par Les Fontannettes à Apremont, où nous avons déposé de l'acide sur plusieurs roches pour détecter une présence de calcaire en grande quantité: il y a des pierres urgoniennes et des pierres valanginiennes datant de l'époque Crétacé ( il y a environ 112 et 140MA).
Nous nous sommes ensuite rendus à la Pierre Hachée où se trouve un gros rocher de calcaire blanc, pierre urgonienne provenant du Granie ( ce dernier étant situé à 5-6 kilomètres) qui est isolé du reste du paysage et qui présente de nombreuses fissures. On a ensuite mesuré, à l'aide d'un mètre, la longueur de la roche qui est de 30 mètres et sa largeur qui est de 10 mètres. On a ensuite calculé à l'aide de la méthode de la visée et du théorème de Thalès sa hauteur qui est de 9 mètres.
Ensuite, au Villard, on a remarqué la présence de strates ( roches s'étalant sur plusieurs couches) dont l'alternance Marne/ Calcaire assez homogène et qui est due au changement climatique: ce sont des roches kimmeridgiennes.
Il y a ici une inclinaison des couches à 45° ( pendage) par rapport au sol ce qui evite tout risque d'éboulelment sur la route.
Enfin, vers le col du Granier, on remarque des pierres urgoniennes, hauteriviennes et berriasiennes.
On remarque donc que plus on monte en altitude, plus les pierres sont jeunes.
-Les faits:
Dans la nuit du 24 novembre 1248, un terrible éboulement massique a eu lieu ! Environ dix villages furent ensevelis: Granier, Cognin, St-pérange, St-André, Mûre, Les Marches, Vourey, Apremont, Chacusard et jusqu'à Myans.
Une partie entière de la montagne se détacha et recouvra les villages alentours d'un flot de marne et de calcaire, 500 millions de m3 se sont décrochés de la montagne et ont glissé sur 32 km² .
-Les différentes étapes de cet éboulement:
Etant donné que les années 1247-48 ont été particulièrement pluvieuses, les couches de marnes sont devenues spongieuses et glissantes. Le dernier talus, formé de ces marnes, a une pente incliné de 15 degrés, donc ces marnes ont agit comme un lubrifiant, faisant circuler les différents blocs qui se sont détachés et sont tombés sur ce talus. Les blocs, surtout calcairiques, qui ont été emportés par ces marnes ont glissés sur 32km² comme une grande coulée de boue. La vitesse de déplacement de cette "coulée" augmentait de plus en plus jusqu'à atteindre 60 km/h, ce qui va engendrer l'échauffement des eaux des marnes puis leur évaporation. Cet air, s'étant formé entre le sol et les marnes, servit de "coussin d'air", et évitant le contact avec le sol, il n'existe plus de frottement donc la vitesse de déplacement augmente encore et prend plus d'ampleur!
-Causes probables de cet éboulement:
En 1248, plusieurs hypothèses ont été émises quant à cet éboulement;
Il serait due soit:
-A une punition divine
-A un petit séisme
-A un glacier qui aurait été présent dans le passé
-Ou de l'eau se serait infiltrée dans plusieurs des milliers de galeries que la montagne possède et, avec les effets de gel et de dégel, il se serait fendu.
Il faudra attendre plus de sept cent ans pour que deux géologues, Albert Pachoud et Jean Goguel émettent l'idée que cet éboulement ne soit que le phénomène déclencheur d'un énorme glissement de terrain.
La catastrophe du barrage de Vaïont en Italie en 1963, permet de découvrir ce qui c'est probablement passé au Granier: le frottement d'une masse en mouvement provoque une élévation de température considérable, qui transforme en vapeur l'eau interstitielle contenue dans le terrain.
De plus depuis le début des années 60, l'exploration souterraine du Granier a permis de découvrir environ 66 kilomètres de galeries.
Pour les géologues, le fait qu'un éboulement pourrait se produire à nouveau n'est pas impossible, en effet en septembre 1995, des barres témoins installées sur une faille ont révelées qu'elle s'est élargie de 3.5 centimètres.
En revanche, la disposition horizontale des marnes sur la pente devrait empêcher qu'une catastrophe ne se reproduise.
-Conséquences:
La fluidité et la vitesse des matériaux sont telles que les habitations sont d'abord noyées, puis renversées par les éléments rocheux les plus importants.
La petite paroisse de Cognin et les villages de Saont-Pérange, Saint-André et Vourey subissent le même sort
Une maison de Saint-André construite en pierre résiste un peu plus longtemps avant de céder elle aussi.
Les habitants sont tous ensevelis vivants durant leur sommeil.
La coulée boueuse atteint même l' Isère.
Jamais l'hiver 1248-1249 ne sera aussi doux et sec transformant la boue en un immense sarcophage.
Forêts, vignes, prés, champs, villages... tout est détruit.
Cependant cet éboulement aura apporté une chose positive, les terres sont devenues plus fertiles ce qui a permis la création d'emplois.
Le Granier est maintenant l'objet d'études scientifiques, elles doivent permettre de développer la connaissance de l'aléa!
Echelle des temps géologiques:
